Prise de contact

Il était, à vrai dire, rare de voir un hardien en voyage. Rare n'est pas synonyme d'impossible. Un hardien, vêtu normalement, soit d'une armure d'écaille recouverte d'un vêtement, crâne rasé, Pierre bien en vue sur son front et glaive lourd sur la hanche, échangeait paisiblement avec un humain. Ce dernier avait quand à lui la peau pâle, ses cheveux brun lui tombaient sur les épaules et était habillé d'un pourpoint et de chausses pourpres et aucune arme visible. Les deux hommes, montés sur des chevaux, s'arrêtèrent dans la première auberge de la cité-état. Il était midi, et le soleil tapait fortement la cité portuaire de Baq I Kawten.

A première vue, tout n'allait pas fort en ville. Ils espéraient avoir des informations sur ce qui se passait ici. Mais la fatigue et la poussière de la route leur imposait une bière. Ils prirent donc une table proche d'une fenêtre, de manière à avoir en vue leurs montures. Non pas, qu'elle leur soit précieuse, ni même que les fontes de leurs selles contenaient quoique ce soit de valeur, mais l'hardien refusait de perdre de vue sa monture.

Elis, l'humain en riait, pour lui son compagnon se faisait vraiment du soucis pour tout et n'importe quoi. Ce à quoi, Tilen, l'hardien, répondait qu'il ne désirait pas devoir voyager à pied ou devoir racheter une monture par négligence. Tu es vraiment pas différent des tiens, fut la remarque d'Elis à propos de ce qu'il pensait être la manie des hardiens à prendre de soin de chacune de leurs possessions. Chose surement fondé.

Le regards inquisiteur sur ce qui se passait autour d'eux, à l'intérieur, comme à l'extérieur, les deux voyageurs attendaient qu'on les serve.

Elis se tourna tout sourire devant la jeune humaine. Un plaisir des yeux. Il demanda un plaisir de la bouche, relevé, sucré-salé. L’humain donna la couleur rapidement à la jeune serveuse. Il était un client qui aimait le luxe, voir y était habitué. Cela se voyait à ses gouts alimentaires, mais aussi à ses habits et ses manières. Il traita la jeune serveuse avec la même amabilité et plaisir qu’avec une princesse.
Tilen, pur hardien, cela n’était pas à mettre en doute. Il n’en laissait pas l’occasion ave son épaisse armure, son arme et son choix de nourriture, simple, en quantité, mais bonne et très bien cuisiné. Le travaille dans les champs ou dans la caserne est épuisant, et il fallait de l’énergie pour tenir la journée. A l’occasion de sa commande il avait délaissé des yeux les montures entre des mains compétentes.
L’humain regarda son compagnon de route, ironiquement, il pensa qu’ils mettaient à eux deux les cuisines au défi de leurs palais. Mais cette pause culinaire devrait être rapide, rapidement ils devraient visiter la cité portuaire, prendre des contacts. Hadakis avait par le passé trop longtemps délaisser le nord du continent. Il n’en sera rien désormais, la ville était grande et de nombreuses personnes devraient être vues.

- Excusez-moi jeune demoiselle, si nous désirions des bijoux d’une grande qualité, où devrions nous adresser ?

La jeune femme ne fut pas prise au dépourvu par la question. Il était courant qu'on vienne la questionner sur la ville, et ces hommes étaient, indéniablement, des étrangers.

- Il y a des bijoutiers à quelques rues d'ici, mais je ne vous les conseille pas. Les meilleurs se trouvent dans la Cité Basse, au pied de l'Île que vous voyez là-bas.

Elle montra, par la fenêtre, l'île rocheuse, trônant au milieu de son lac couvert de bateaux, qu'était la capitale de la Commanderie Marchande.

- Le Grand Pont est très encombré en ce moment. Le plus simple pour vous y rendre est de descendre sur les berges et de prendre un bac. Il y en a en permanence. En général, ils vous amène au Grand Ponton. Vous n'aurez qu'à remonter la rue qui sera devant vous. Sur votre gauche, vous aurez le port, sur votre droite, le quartier des marchés, et tous les meilleurs orfèvres de la ville y ont une échoppe.

Elle hésita un peu.

- Après, si vous désirez quelque chose de véritablement unique, il faut monter dans la Cité Haute, et prendre rendez-vous avec l'un des Maîtres-Orfèvres. Ils peuvent vous fabriquer tout ce que vous rêvez, sur mesure. Mais je vais vous faire une faveur.

Elle saisit un morceau de papier et traça quelques traits dessus.

- Voilà un plan. Cela vous mènera chez un bijoutier qui collabore avec les Maîtres-Orfèvres. Il revend celles de leurs oeuvres qui n'ont pas été vendues, soit parce qu'elles étaient trop coûteuses, que l'acheteur était mort, où tout simplement qu'il n'en avait plus voulu. Il peut vous donner leur travail, mais à un prix nettement inférieur à ce qu'ils pratiquent.

Elis se saisit du papier sous le regard vigilant de son compagnon hardien. Ce dernier était méfiant mais se garda bien de dire un mot à ce propos, ou même de laisser paraître ses pensées. Il ne lui appartenait pas de juger.
L'humain lui en revanche se souciait moyennement des cas de conscience de Tilen, et remercia chaleureusement la serveuse.
- Voila qui nous sera bien utile! Comme vous semblez connaitre la cité comme personne, auriez vous l'amabilité de nous indiquer les lieux qu'il serai intéressant de visiter? Nous comptons rester plusieurs jours en ville.


Après que le repas fut servit, ils mangèrent de bon cœur. Mais ils étaient aux aguets. Ils observaient la salle, et les gens. Leurs comportements et paroles ne leurs échappaient pas. Ils prenaient ils tentaient de s’imprégner de l ‘atmosphère qui régnait en Baq I Kawten, de comprendre cette population mercantile, lointaine des mœurs paysage des contré de Hadakis.

De temps en temps ils n’hésitaient pas non plus à demandé à la jeune fille quelles étaient les derniers évènements, ou quel personnage s’était démarqué ses derniers temps.

Lorsque le repas s’acheva ils se préparèrent pour partir. Ils avaient tant à voir, et si peu de temps.

- Des choses à voir, messire ?

La requête était peu commune. Les visiteurs cherchaient, en général, plutôt des choses à acheter lorsqu'ils venaient à Baq i Kawten.

- Et bien... Dans ce qui est accessible aux étrangers, je suppose qu'il y a quelques sujets de curiosités. L'Alfar Bleu est arrimé sur les quais, et on dit que c'est l'un des vaisseaux les plus extraordinaires du monde. Plus rapide que le vent. Autrement, il y le Bazar aux Merveilles, où se vendent certains des produits les plus exotiques qu'on puisse imaginer, et dont le bâtiment a été puissamment enchanté. Ça le rend beaucoup plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur, et l'intérieur est un véritable labyrinthe magique. On raconte que si on en ôtait les flèches indicatives, il serai impossible d'en sortir.

Laissant alors ses deux clients à leur repas, elle partit s'occuper d'autres étrangers désireux de manger. Plus tard, lorsqu'ils lui demandèrent des nouvelles des gouvernants de la ville, elle répondit :

- Tephen est toujours Bourgmestre, et administre à la perfection. On raconte qu'il a totalement changé son équipe et s'est entouré de conseillers proches du Parti Banquier. C'est plutôt mieux, parce que la plupart des marchands préfèrent que la Surintendante Qanlin contrôle ce qu'il fait. Le Commandeur Qunhae n'est pas revenu dans la Ville basse depuis des années. Il est minoritaire au Conseil Souverain, maintenant, et s'efface donc un peu.

Elis et Tilen marchaient dans les rues bondés. Baq I Kawten était-elle toujours aussi animé? Ils n'auraient put le dire avant d'avoir rencontrer plusieurs personnes.

Ils commencèrent par descendre vers le port, voir le navire, et surement ses propriétaires. Dans les environs ils espéraient voir les échoppes et les commerçants. Ils avaient, une adresse, un lieu, mais ils ne gâcheraient pas leur plaisir.
Sur leurs montures il leur était relativement aisé de se déplacer, cependant ils étaient loin d'être discret, mais cela ne les préoccupaient pas. Après tout être accompagné d'un hardien signifiait très souvent supporter les bruit d'une armure de métal.

Alors que l'humain regardais les gens, les échoppes et leurs activité, son compagnon n'observait que l'environnement. Il était décontracté, mais la foule imprévisible ne le mettait pas très à l'aise. Surtout il ne désirait blessé personne même si la population était habituée à s'écarter des cavaliers.

Ils ne savaient pas vraiment par où passer et se dirigèrent à l'instinct, passant parfois par des ruelles étroites, mais toujours en direction de l'océan, et du port.